"J'ai essayé le Caffenol, Ça marche, mais mollement "…par Jacques Masse

26 Juillet 2017, 15:57  -  #La sensito du Pixel

             Quitte à être complètement cinglé et vouloir faire des photos sans objectif, et directement sur un papier positif, autant pousser la folie jusqu'au bout, et développer les photos sans révélateur !

Je suis donc passé au super-marché et j'ai acheté :

  • - Au rayon lessives :  une boite de cristaux de soude.

  • - Au rayon petit déjeuner : un bocal de café soluble.

  • et au rayon diététique : une boite de cachets de vitamine C.

Au total cela m'a coûté moins de 6 Euros, et j'ai là de quoi fabriquer 5 fois 1/2 litre de Caffenol (la recette indique 20g de café soluble pour 500cc de Caffenol, (très largement suffisant pour une séance de développement, le Caffénol ne se conserve pas).

Il me restera beaucoup de cristaux de soude pour nettoyer la salle de bain transformée en labo photo et de la vitamine C pour reprendre des forces si nécessaire.

La préparation est simple :

On commence par dissoudre 40g de cristaux de soude dans environ 300cc d'eau à température ambiante. On ajoute 20g de café soluble, puis on incorpore 2 cachets de 1000mg de vitamine C. Bien mélanger et compléter avec de l'eau pour obtenir 500cc de solution.

Le Caffenol est prêt.

Ça a la couleur d'un café bien serré, il faudra donc sortir le tirage de la cuvette de temps en temps pour voir apparaître l'image à la lueur blafarde de mon ampoule inactinique.

J'ai préparé mon coup, et le jour même, j'ai réalisé 2 prises de vues identiques, l'une sera développée de façon traditionnelle dans du révélateur standard « Ilford PQ universel » et l'autre dans le Caffénol.

J'installe mon labo clandestin dans la salle de bain sous le regard sombre et quelque peu réprobateur de ma petite femme.


​Développement dans le révélateur standard : Au bour de 30 secondes l'image apparaît et semble stabilisée au bout de 2 minutes. Rinçage + fixage + lavage.

Ce n'est certes pas une œuvre d'art, mais à peu près conforme à ce que j'ai photographié. Il faisait un temps super grisouillard, ciel blanc aucune ombre portée et peu de contraste dans les éléments architecturaux (5 minutes de pose alors qu'en plein soleil, il faut en général 1mn30).


Développement dans le Caffénol : l'image ne commence à apparaître qu'au bout de 2 minutes (je commençais à douter). Après 6 minutes de développement le processus semble stabilisé. Rinçage + fixage + lavage.

Comme on peut le constater, l'image est mollassonne. Encore moins contrastée qu'avec le développement traditionnel. Par contre elle a pris une belle couleur « café au lait » et présente d'intéressantes marbrures sur toute sa surface.

Effet vintage garanti.
​Je tiens à préciser que, comme pour mon article précédent, les images présentées ont été scannées mais sont parfaitement fidèles aux tirages originaux.

Aucun bricolage sur Photoshop pour les améliorer.

Donc, résultat des courses : En dehors de son aspect ludique, le développement au Caffenol fonctionne bien mais donne un résultat peu contrasté (il ne faudra plus préluminer mon papier comme je le faisais pour le révélateur standard).

Cette technique conviendra mieux aux scènes ensoleillées. Par contre la teinte subtilement café au lait et les fines marbrures sont très sympas.

Si nous en avons le temps, je vous promets des travaux pratiques et une démonstration lorsque nous serons à Agde.

Et peut être même plus pour ceux que cela amuse, puisque j'ai dégoté une recette de Vinole (développement à base de vin) et Beerole (à la bière) ...

Si,si, c'est vrai !

Jacques Masse

‹(•¿•)›

 

P
En dehors de sa réussite professionnelle multi-secteurs : prises de vues : portraits, groupes, industrie - laboratoire de développement et de tirages - vente de matériel, notre ami Jacques m’a déjà surpris par ses résultats obtenus en prise de vues depuis un cerf-volant, puis ses derniers essais avec des sténopés multi-formats qu’il a conçu, puis fabriqué, et surtout utilsé.<br /> Il me surprend encore par ses nouveaux essais de développement au Caffénol.<br /> Non seulement il a l’idée, mais il va jusqu’au bout en concrétisant. CHAPEAU et RESPECT.<br /> Dans ton dernier commentaire tu nous invites à découvrir le travail de Land Collodion , et le retour aux sources de la photo avec les prises de vues de Norbert et son labo au sulfate de fer. Merci également pour cette information passionnante.<br /> Très amicalement<br /> Philippe
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D
Je partage les commentaires ci-dessous.<br /> Ce n'est pas pour rien qu'un professeur qui aura marqué des générations de "ENPCistes" s'appelait A.H.Cuisinier, comme en témoignait, dans le local de préparation des bains de Vaugirard, sa blouse que personne n'avait voulu décrocher en sa mémoire. Je pense qu'il devait connaître ce genre de manip.! Hélas, nous ne l'avons pas connu à quelques années près. P. Glafkidès, si je me souviens bien en parle aussi dans La Chimie Photographique. Bernard Lainé t'aurait certainement recommandé de réaliser une série de sensitogrammes dans tes conditions opératoires dûment retranscrites pour en établir la réponse H&D, pour la postérité...<br /> Cela devrait marcher également avec le thé qui contient également de la caféine, et dont nous sommes forts consommateurs at home.<br /> Denis
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M
Eh ben, c'est bluffant même pour des gens aussi avertis que nous autres ex-pro. Bravo Jacques. <br /> Au vu des ingrédients possibles, je m'inscris pour la séance Beerol .... pour finir la bouteille. Ambrée de préférence!
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G
Deuxième essai ( mon premier commentaire a disparu )...<br /> C'est bien Jacques, tu es un vrai pionnier dans le retour vers le passé. Et pour bien passer le caffénol, je suppose que tu utilises un filtre à grain fin. <br /> As-tu fait des bouts d'essai avec de l'expressonol pour un développement rapide ? <br /> Je suggère aussi d'expérimenter un caffénol allongé pour les photos de nu (artistique) et les panoramiques. Bon courage l'Ami !
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C
Effectivement, on nous avais pas tout dit à ENPC, merci Jacques de nous faire partager tes expériences
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C
Rien avec le pastis ?
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