Pascal DELCEY - Tirages FRESSON (2)
De l’électronique à la photographie : La naissance d’une vocation
Né en 1962 à Paris, Pascal Delcey est initié à la photographie N&B par un professeur du lycée où il est scolarisé. Titulaire d’un DUT d’électronique dans les années 80, il entre sur le marché du travail dans le milieu de l’électronique où il s’ennuie. Parallèlement dans sa vingtième année, il vit avec sa petite amie anglaise qui sert de modèle dans une école de coiffure. Sa bonne fée est plutôt jolie. Pascal s’intéresse de nouveau à la photographie. Il achète un réflex Minolta et photographie sa dulcinée. Puis il réalise pour quelques agences de mannequins des photos de «test» ; cela marche, les photos sont réussies et plaisent. En autodidacte avisé qu’il sera tout au long de sa carrière, il s’entraine selon les canons esthétiques du Studio Harcourt qui retiennent plus particulièrement son attention; Pascal apprend vite et s’équipe en conséquence.
L’Ecole de coiffure organise un show au Palais des Congrès de Paris
Incidemment à cette occasion, Pascal Delcey montre ses photos du show au directeur de la communication ; celles-ci tranchent avec les photos officielles. Conquise, le «Dir Com » veut les acheter mais le budget alloué a déjà été dépensé, et pour cause ! Elle réussit cependant à réunir 2000 F de l’époque, ce qu’elle considère comme une misère, désolée de ne pouvoir donner plus. Pour Pascal, ½ mois de salaire où il s’ennuie, c’est le « Pérou !» : Il sent un marché porteur et prend le risque de changer d’orientation.
Le séjour en Angleterre
En 1985, Pascal part en Angleterre suite à une proposition d’un agent ; il y trouve laborieusement des clients (reportages, publicité, ..), et se rode aux pratiques commerciales anglaises ; le marché est porteur, les commandes s‘enchainent et les affaires marchent ; il aura un contrat avec Vidal Sassoon pour la réalisation de reportages, shows et portraits de personnalités. Il s’équipe d’un appareil Canon puis d’un Hasselblad et d’un Leica. Ses contacts le poussent vers la photographie d’Opéras de Ballets.
Surtout, il débute sa collaboration avec le Royal Ballet de Londres et réalise de nombreux portraits de danseurs auprès du Royal Ballet, du Saddlers Wells Royal Ballet, et du London Festival Ballet. Son profil «frenchy» passe bien. Pascal travaille également avec l'English National Opera pour les portraits de presse des principaux chanteurs, des compositeurs et membres du personnel, bref toutes images nécessaires aux besoins de communication du théâtre. Mais surviennent les ‘’Années Thatcher’’ et la crise économique. Par manque de débouchés en1990, la situation devient intenable. Après cinq ans sur place, le voilà de retour à Paris parlant l’anglais ; il a acquis de l’assurance et du métier.
La Bibliothèque-Musée de l’Opéra Garnier
Ouvrage datant de 2005, éditions Parenthèses / Marseille
Pascal s’établit donc à Paris en qualité de portraitiste et photographe de publicité qu’il est devenu et reprend naturellement contact avec son univers de prédilection : la danse et l’Opéra de Paris. Justement, une opportunité s’ouvre à lui lorsqu'on lui propose le projet d’une exposition pour la ré ouverture en 1992 de la bibliothèque-Musée de l’Opéra. (BMO) est un service couplant bibliothèque et musée : si elle est située au sein même de l’opéra Garnier dans le Pavillon de l’Empereur, elle ne dépend pas de l’Opéra de Paris mais fait partie du département de la musique de la Bibliothèque nationale de France (BnF).
le Nouvel Opéra
Pascal est retenu pour les photos. Il s’équipe d’une Speed Graphic 4x5 ‘’, s’installe à demeure au sein de l’Opéra où il dispose d’un petit local pour le matériel. Parallèlement, comme la marque Vuitton finance déjà la restauration des lieux, il faut trouver d’autres sources de financement. Polaroid-France, consulté en la personne de François Wybo, répond présent (prise en charge à 50% du montant des consommables, et des tirages Fresson).
Dôme de la salle de spectacle
Des amis photographe et d’autres contacts de la photographie lui parlent alors de l’Atelier Fresson pour des Tirages au Charbon. Leur adéquation avec l’esprit académique et poétique du bâtiment voulu par Charles Garnier conviendrait bien. Pascal prend contact, se rend à Savigny-sur-Orge, est reçu par Michel Fresson et Jean-François, présente le projet et ses premiers 4x5 ‘’. Sponsor oblige, ces derniers sont réalisés à partir de plan-films Polaroid instantanés ou non (Polapan T52, T54, T55P/N et Polachrome, etc…). Michel Fresson fait des essais. Pascal est séduit et oriente ses prises de vue en conséquence. Très sensible aux multiples nuances qu’offre la lumière naturelle, il surfe alors des toits aux souterrains sur les onze mille mètres carrés du Palais Garnier ; attentif à saisir la juste lumière au bon moment, il y consacre des journées et des nuits entières !
Chéneau de la toiture de la salle vers la renommée l'Harmonie
Hélas, les travaux sont en retard de deux ans. La date de l’exposition est décalée d’autant ; il faut tenir ans la durée et faire patienter les intervenants !
Les expositions " Vaisseau Garnier"
Renommée la Poésie, vue sur Sacré-Cœur
En 1994, environ 80 tirages Fresson en 50x60 et 60x80 cm sont enfin montés, mis sous cadre et finalement accrochés. Sous le label «Vaisseau Garnier», le vernissage de l’exposition a lieu le 17 octobre suivie de l’ouverture au public du 18 octobre au 8 janvier de l’année suivante. Tous peuvent découvrir enfin outre les lieux restaurés, le fruit de ces trois années d'exploration photographique, d'attente et de prises de vue, sans aucune contrainte. Le résultat ? : ‘’Une traversée intemporelle au cœur de ce qui apparaît comme un temple, un sanctuaire au cœur de la ville, véritable "Vaisseau ‘’, bien en adéquation avec le thème. L’exposition est un succès. Elle sera réitérée deux fois à Marseille (2003 et 2005), et à Nice, suivies parallèlement de la publication du livre ‘’ Le Vaisseau Garnier, aux Éditions Parenthèses, Marseille’’ en 2005, et de quelques produits dérivés aujourd’hui toujours en vente à la Librairie Garnier (cartes postes, posters, etc.).
Grand foyer, grande cheminée, angelot sur vase de Sèvres
Les Ateliers Fresson
Avant foyer, buste signé Jean-Jules Cambos
Se remémorant l’épopée du Vaisseau Garnier et sa rencontre exceptionnelle avec les Fresson, Pascal Delcey nous confiait récemment combien ce travail en équipe portant sur plus d’une centaine de tirages avait été au sommet de sa carrière, tant sur le plan artistique que humain. Comme les visiteurs des Expositions du ‘’Vaisseau Garnier’’ pouvaient le découvrir, la technique du tirage au charbon monochrome, bichrome ou trichrome à partir d'un original N/B ou couleur, conduit à des tirages Fine Art pérennes de haute qualité artistique. Une condition cependant, parfois méconnue et non des moindre : respecter les contraintes du procédé et aller dans son sens.
La galerie du milieu, dans le bassin bronze la Pythonisse
Michel Fresson le savait bien, lui qui avec toute l’humble courtoisie dont il savait faire preuve, guidait surement dans le choix des originaux (négatif, inversible couleur, positif papier, etc.) les mieux adaptés sachant d’instinct lesquels seraient magnifiés par le procédé, sachant dire non pour les autres.
Pégase du grand pignon de la scène
Apollon, la Poésie et la Musique
«Si moi photographe, j’écrivais la partition à la prise de vue », commente Pascal Delcey, «pour les Expositions, c’est bien aux Fresson qu’il revenait, en interprètes qu’ils étaient de la jouer et cela sans que je sache au départ quel serait le résultat. Nous sommes bien dans l’esprit de l’Opéra et c’est sans doute ce qui aurait plu à Charles Garnier. Cela demande une bonne dose de confiance et n’est pas sans risque commercialement parlant pour les deux parties, mais quand cela fonctionne… Quelle découverte ! »
Pascal Delcey
L’arrivée du numérique
A l’horizon de l’année 1998, la photographie numérique se présente à lui comme une nouvelle opportunité. Le maître mot pour Pascal est ‘’s’adapter’’. Toujours en autodidacte, il se familiarise avec les outils, élargit sa palette de compétences, devient infographiste, développe ses activités dans le secteur commercial, celui de la communication culturelle, sans délaisser pour autant la prise de vue publicitaire et le portrait pour la presse déjà acquises, une page qu’il continue toujours d’écrire.
Note de Denis Carel : Archive familiale
A propos de l’Opéra Garnier, miroitier de profession, mon arrière-arrière-grand père Léon Chamouillet qui était le petit neveu du peintre J.B. Corot, un grand amateur d’Opéras, aurait été l’un des fournisseurs du chantier de Charles Garnier!
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