Mon Amérique à moi, par Daniel Rocher
saché et la vallee du lys
J’ai connu saché en 1967. J’y suis venu avec mon patron de l’époque pour photographier le mariage de la petite fille d’Alexandre CALDER avec un fils d’une famille aisée de la vallée de l’Indre. Une semaine avant mon mariage à AMBOISE.
La petite église datant en partie du 12 ème siècle
a été fortement restaurée depuis 43 ans.
La roue a tourné, et c’est par pur hasard que j’ai acheté en 1978 un terrain pour y construire ma maison. Nous cherchions le calme, la nature, la tranquillité tout en ne nous éloignant pas trop de la ville. Nous n’avons pas été déçus et nous apprécions en plus de ne pas être encore trop exposés à la délinquance. Touchons quand même du bois car elle arrive.
Quand je dis verdure, ce n’est pas un rêve.
HONORE DE BALZAC
Honoré de BALZAC est né à TOURS. Il a résidé à ST CYR SUR LOIRE, à PARIS, mais il a écrit une grande partie de LA COMEDIE HUMAINE à SACHE, dans le manoir de la Comtesse ANSKA qu’il a épousée 6 mois seulement avant sa mort.
Il aimait se ressourcer dans la vallée de l’Indre, entre Vonnes, Valesnes et Saché. Il venait également à SACHE pour fuir ses créanciers, mais en plus pour profiter des bonnes tables et des bon crus locaux.
La manoir de SACHE abrite sur 3 étages un magnifique musée entièrement dédié à l’écrivain. Monsieur PAUL METADIER, ancien Maire, a créé ce musée et l’a cédé au CONSEIL GENERAL d’Indre-et-Loire qui l’a enrichi en faisant l’acquisition de nombreux manuscrits, ainsi qu’une partie de l’imprimerie de BALZAC.
L’ INDRE
C’est le LYS de BALZAC. Cette rivière décrit de nombreux méandres dans la vallée, au plus grand bonheur des promeneurs et des pêcheurs qui apprécient la friture de brèmes ou autres gardons, mais également brochets et sandres. Avis aux amateurs.
L’Indre a quelquefois des colères et envahit très souvent les prairies environnantes. Tous les ans, il faut mettre en place des déviations. En 1982 et 1983, l’eau a atteint et dépassé le niveau record de la crue de 1910. J’ai dû faire plus de 70 km pour revenir du travail à TOURS alors que le trajet normal est de 25 km.
Il faut dire que la confluence avec la Loire est toute proche, et que c’est souvent le fleuve qui fait obstruction au bon écoulement de l’Indre.
L’Indre compte environ une douzaine de moulins entre MONTBAZON ET AZAY-LE-RIDEAU. Il y a là un beau sujet de reportage.
L’eau était l’énergie des 18 et 19 è siècles. Les moulins étaient doubles: un pour moudre les céréales, et l’autre pour moudre l’écorce de chêne afin de produire le tan nécessaire au traitement du cuir.
Les installations hydrauliques existent encore et sont pour la plupart en bon état. Certaines municipalités, comme AZAY-LE-RIDEAU étudient actuellement la possibilité de produire de l’électricité. J’y crois.
Une belle frayère juste en face l’aire de loisirs
LE BOURG
La commune de SACHE se compose d’un bourg ancien
et de plusieurs hameaux et lieux-dits qui se partagent pour moitié la population.
Le bourg a conservé son aspect rural ancien.
Depuis trois décennies, nous avons assisté à une très forte pression foncière et les 2 dernières municipalités ont su à peine résister à la tentation de faire exploser la population de la commune. La gangrène commençait à s’installer mais les dernières élections ont mis un terme à cette attitude inconsciente.
Avant de « monter » dans le bourg, nous pouvons nous arrêter un peu pour voir le village des BARRES. Ma maison est située derrière ce village. Il faut remarquer le champ de bleuets au premier plan. Les Conseillers Généraux ont souhaité subventionner les semis dans les jachères bien en vue.
Cette jachère est dans le champ de vision du musée.
En entrant dans le bourg, voici l’ancien atelier du dernier maréchal ferrant, qui exerçait encore en 1980.
Je me souviens encore d’un cheval qui attendait son tour.
Un peu plus haut, à l’entrée de la place principale, l’auberge du 12 ème siècle. Thierry GIMENEZ (enfant du pays) et Xavier AUBRUN vous y accueillent et vous proposent une carte dont la réputation a maintenant dépassé nos limites nationales. Allez-y les enfants, allez-y.
Une grande partie des bâtiments est réellement âgée de plus de neuf siècles
ALEXANDRE CALDER
Alexandre CALDER est arrivé à SACHE en 1962, après avoir subi la réticence antisémite et débile des habitants de TOURS, à l’invitation de Paul METADIER. Il a d’abord occupé le « Moulin Vert » avant de s’installer au « Carroi » ou il a fait édifier sa maison et son atelier.
L’atelier de CALDER accueille maintenant des artistes venus du monde entier .
L’artiste a choisi ce site essentiellement pour la vue magnifique qu’il offre sur la vallée de l’Indre, ainsi que la douceur de la lumière au printemps et à l’automne.
Chaque fois que j’ai fait visiter ce site à des amis (ou autres), au printemps ou à l’automne, l’avis sur la qualité de la lumière était unanime.
Il faut noter que dans les années 80, il a fallu régler la succession d’Alexandre CALDER. Tout son patrimoine a été réuni à SACHE. Il est venu du monde entier une trentaine de mobiles et de stabiles qui ont été stockés ici, sur ce site, pendant plusieurs années.
On voit bien ici le gigantisme américain. Les ouvertures du bas font plus de 5 mètres de hauteur, les baies vitrées également et l’atelier, à l’étage, peut accueillir un semi-remorque.
C’est Jack LANG, alors Ministre de la Culture, qui a proposé un compromis en faisant main basse (pas lui, l’Etat) sur une dizaine d’œuvres estimées en tout à cinq millions de Francs. Je suis vraiment confus, et honteux en même temps, de ne pas avoir eu le réflexe de photographier ces œuvres qui sont maintenant éparpillées dans le monde entier, sauf les dix qui appartiennent à l’Etat.
On doit également à ce ministre la mise en place et le financement d’une association qui accueille dans ce site superbe de jeunes artistes en quête d’inspiration.
Je n’ai rencontré que deux fois Alexandre CALDER dans son atelier, dans le cadre de mon travail. J’en garde le souvenir d’un homme extrêmement humain et bon vivant. Quand je suis venu habiter à SACHE, il nous avait déjà quitté. Il a été un bienfaiteur de la commune, surtout des enfants et des œuvres sociales.
Avant de partir, il a offert un mobile qui est en bonne position sur la place qui porte son nom.
Et comme vous pouvez le constater, il tourne.
Alexandre CALDER a laissé beaucoup de peintures, de dessins, qui ont été vendus pendant de nombreuses années, dans une kermesse au profit des enfants et des anciens. Si vous venez à SACHE, ne critiquez pas cette œuvre qui, pour les Sachéennes et Sachéens, est le souvenir de la générosité du donateur.
AUBE ELLEOUET
Cette femme artiste plasticienne spécialisée dans les collages, veuve du peintre et poète Yves ELLEOUET, est connue également pour être la fille de l’écrivain surréaliste André BRETON.
Elle réside à SACHE depuis plus de 30 ans et il m’était difficile de faire le tour de mon village sans évoquer cette personne généreuse qui s’est beaucoup investie pour les jeunes et les moins jeunes.
Texte et photos : © Daniel Rocher