Joyeux Noel ! et Bonne Année (Chapitre 14)

par Gérard Petiot  -  9 Novembre 2011, 00:00  -  #VU d'ailleurs

 

Histoire d’une expatriation

 

Par Gérard Petiot

 

Mea culpa. 

Je m’aperçois que quand je dis « à bientôt » c’est une promesse non pas de gascon, mais plutôt de procrastinateur... juste pour le plaisir d’écrire ce mot amusant.

Bon je continue, c’est l’histoire d’un mec... Enfin non, il est pas tout seul le mec.

Ce qui m’incite à reprendre le cours de mon histoire, outre les réclamations discrètes des copains et copines, c’est que j’ai été chaudement stimulé par des commentaires de lecteurs français de journaux en ligne qui accusent un peu facilement les expatriés - tous dans le même sac - de se remplir les poches et de ne pas payer d’impôts ou bien d’être des minables traîne-savates  ou des aventuriers, ou bien des exploiteurs post-colonialistes, voire des touristes. 

Mais la réalité n’est pas aussi simpliste... 

Alors pour nous punir, nous les Français vivant à l’étranger et en Afrique de surcroît, ( bouh, les vilains ) on nous a affublés pendant quelques mois d’un sous-ministre judoka qui ne connaît de la vie à l’étranger que les tatamis du monde. 

Ça me fâche très fort. Il y a de quoi. Alors j’écris.

La suite de cet exposé d’une expatriation continuera de rapporter quelques détails, quelques faits simplement authentiques, des anecdotes, du vécu sans fioritures.

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On est donc là, Min, Julien et moi dans cet hôtel, à deux jours de Noël.

Je demande à Min comment s’est passé son accueil à l’université, les collègues ont-ils donné un pot de bienvenue, a-t-elle établi quelques contacts ? 

Ma foi non, c’est le jour et la nuit entre la Côte d’Ivoire et le Kenya. Les Anglais encore une foi sont passés par là, les Kenyans s’avèrent hautains et froids. Et pas rigolos, du tout. Et pas seulement avec les étrangers. On découvrira plus tard les clivages raciaux, ethniques, tribaux entre les Kenyans eux-même. Mais il n’y a pas que là-bas, c’est le lot de l’Afrique en générale et de bien d'autres pays d’ailleurs. Comme disait Fernand Reynaud, «on n’est pas chauvins».

Et moi, venant juste d’arriver, je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer la communauté française de Nairobi.

Alors on sera seuls pour ce premier Noël. 

De toutes façons, Noël hors de la famille, hors de France et surtout, sous les tropiques, c’est triste, un point c’est tout. Mais je crois l’avoir déjà mentionné.

Alors on achète des cadeaux pour Julien, en attendant un logement, une voiture et du boulot pour moi.

Pas de festivités ni de folies gastronomiques en vue. Comme le menu de Noël de l’hôtel n’est pas  attrayant du tout et hors de prix, on s’est rabattu sur un kiosque dans la rue qui fait des poulets rôtis et des frites, bien grosses et bien huileuses et puis merde, j’ai pas envie d’en raconter plus sur cette soirée cafardeuse puisque le petit jésus il nous a un peu oubliés ce soir là ; et en outre on est entourés par une telle misère dans cette ville, des enfants qui mendient et dorment par terre dans la rue, de longues files de hawkers (colporteurs) en guenilles à tous les feux rouge, qu’on n’a pas trop la tête à la fête, une fois de plus.

Le Nouvel An arrive dans la foulée, même topo, on a hâte de sortir des « fêtes de fin d’année ».

Il y a des urgences à régler. 

D’abord, on se présente à l’ambassade de France aux fins d’immatriculation auprès de la chancellerie consulaire et pour glaner quelques conseils.

On prépare aussi l’inscription de Julien à l’école française; il pourra y aller dès que nous aurons un véhicule; pas de ramassage scolaire et la ville est très étendue. 

Le petit recevra dans cette excellente école une éducation de bon niveau et multi-raciale puisqu’elle est ouverte à tous. Il aura donc pour compagnons des Français mais aussi des Malgaches, des Indiens, des Mauriciens, et de bien d’autres pays d’Afrique quand les parents en ont les moyens (diplomates, secteur privé, commerciaux). Comme nous sommes dans un pays anglophone, il deviendra très vite bilingue ce qui plus tard lui sera un atout majeur.

 Par contre on apprend aussi que ce sera très difficile voire impossible pour moi d’avoir un permis de travail. 

L’administration employant Min s’occupe de m’obtenir un visa renouvelable comme « dépendant de mon épouse », et dessus il sera écrit en toutes lettres que je n’aurai même pas le droit de chercher un emploi.

On nous a cité le cas d’un jeune Français qui avait effectué une sorte de service civique dans une entreprise privée française et qui avait bien aimé ce stage. Le travail et le pays lui plaisaient. Il est resté dans la même entreprise qui avait du travail pour lui. Très rapidement dénoncé par des employés locaux, il a été arrêté, emprisonné et rapidement expulsé. 

Le Consul ne pouvait que lui porter des oranges, pendant son court séjour en prison et à ma connaissance, il n’y pas eu d’intervention des associations des droits de l’homme ou autres « touche pas à ceci, touche pas à cela »... Il a été proprement viré sans état d’âme.  

Karibuni Kenya et Bonne Année!

Gégé, il y a du travail au black dans l’air, mais il va falloir se faufiler discrètement. 

Comme m’ont dit de concert un jour Minouche et Rosine, c’est pas ça qui va me donner des points de retraite.-

 

A suivre, dans le chapitre 15 : LA  MAISON AU FOND DES BOIS 

P
<br /> <br /> merci Gérard d'avoir repris ton récit qui nous tient en haleine.<br /> <br /> <br /> <br />
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