Bertrand HUGUES / Hommage à Michel FRESSON (5)
Né en octobre 1967 à Chartres, Bertrand Hugues est éveillé très jeune à la photographique par un cadeau lui permettant de réaliser des photogrammes. Enfant, il passe de longues heures dans la nature à suivre son père, un passionné d’entomologie. Plus qu’une simple démarche éducative, ces temps privilégiés le marquent durablement.
Etudiant peu assidu et vu son intérêt pour la photographie qui ne le quitte pas, sa famille le pousse à poursuivre ses études à l’Effet. Sans pour autant assouvir sa soif d’en savoir davantage, cette étape importante le remet sur les rails. C’est bien dans cette voie qu’il désire s’orienter, bien décidé à aller plus loin, prêt à saisir les opportunités.
Le temps du service militaire arrive bien vite. Justement, (en main tendue de la providence), il a la chance d’être intégré au Service d'information et de relations publiques des armées (le SIRPA de la place Balard à Paris). Voici Bertrand plongé dans le concret des techniques photographiques de l’époque. Encadré sur place par une équipe de professionnels aguerris, il bénéficie de moyens au delà de ses meilleures espérances. Il apprend ainsi à travailler sur chambre SINAR 4x5’’ P1, formation complétée plus tard à la SINAR SCHOOL dans le magnifique site de Schaffhausen en Suisse (NB. SINAR est distribué depuis 2018 par LEICA).
A la sortie du service militaire, fort de tous ces acquis, Bertrand trouve un poste d’assistant opérateur chez France Europe Photo qu’il occupe durant deux ans, ce qui ne l’empêche pas de débuter en parallèle un travail personnel, et d’être le co-fondateur d’une maison d’édition. Cela lui permet en outre d‘acquérir une bonne connaissance de la chaîne graphique On le retrouve ensuite durant sept ans au Studio Edouard Legros* (un ancien de Vaugirard - Promo 61-63) spécialisé en packshots publicitaire et culinaires. Chance pour Bertrand, Edouard enseigne à l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré à Paris ce qui lui fait bénéficier indirectement de son enseignement : il a appris à travailler en studio à la chambre, à maitriser les techniques d’éclairages et toutes leurs subtilités.
Il quitte le Studio Edouard Legros en 2002 afin de poursuive plus intensément son travail de recherche. L’imaginaire émotionnel du petit monde botanique de son enfance, la source principale de son processus créatif, le poursuit toujours. Cette « intuition mémorielle », Bertrand souhaite la traduire en image à partir des formes familières, dépouillées souvent torturées, glanées ici ou là dans les spécimens d’herbiers, ou plus éphémères, végétales ou minérales, dans la nature.
Pour ce faire, Bertrand équipe deux ateliers, l’un pour le noir et blanc, l’autre pour la couleur sur Paris qui tout deux ne fonctionnent qu’en argentique, réalisant les tirages noir et blancs lui-même (hormis les très grands formats réalisés par l’atelier Isabelle Menu) ce qui ne l’empêche comme pour la couleur de les faire exécuter plus récemment par l’Atelier Fresson.
Il s’en explique : « La démarche est totalement différente pour chacun. Je préfère bien séparer. Pour les deux, j’avoue consacrer des heures à la chambre pour l’agencement d’une seule image, jouant des bascules selon la règle de Scheimpflug inversée pour bien faire la part visuelle entre le « signifié net » de mon sujet, et le « suggéré en fondu» .
Par étapes parfois laborieuses, jouant des transparences, mon sujet se trouve peu à peu mis en scène dans une sorte d’écrin d’ombres et de lumières en de subtils dégradés qui seront magnifiés au tirage par le procédé Fresson. Je compose mes images en fonction du format de tirage, en général le 24x30cm. Je ne réalise pas plus de 25 à 30 créations par an.
En noir et blanc, les tirages Fresson me procurent des noirs somptueux, et en couleur une belle matière, de la transparence et des tonalités subtiles. Il suffit de regarder leurs tirages pour voir toute la différence »
originaux ektas
tirages Fresson
Bertrand a rencontré pour la première fois Michel et Jean-François Fresson en 2012.
« J’ai le souvenir lors de ma première visite d’avoir été saisi par l’impression de temps arrêté que dégageait ce lieu suivit tout de suite par un sentiment d’extrême maîtrise de Michel et Jean-François Fresson dans leur art.
Jean-François a tendu à Michel mes Ektas 4x5 qui après examen en a approuvé l’usage pour effectuer mes premiers tirages au charbon couleurs.
Ne sachant pas les effets du procédé sur mon travail, j’ai réalisé plusieurs essais en exploitant les richesses des transparences des tirages Fresson. J’ai donc travaillé avec une lumière traversant mes sujets, créé des ombres neutres sur lesquelles chaque couche appliquée par l’atelier Fresson pouvait laisser son empreinte et obtenir ainsi une image très pictorialiste.
Enfin, Michel et Jean-François ont pu maîtriser la montée involontaire du cyan dans les hautes lumières qui sont très présentes dans mes travaux.
Aujourd’hui, je n’imagine pas travailler en couleur autrement qu’avec ce procédé et j’espère pouvoir travailler longtemps avec Jean-François Fresson à présent seul porteur de ce savoir faire qui pour moi à valeur de trésor national. »
Galerie Eric Mouchet - céramiques Jacques Blin
Pour Bertrand, familier du monde exigeant des galeristes chez qui il expose, les résultats sont plus qu’à la hauteur les attentes mêmes si quelques ajustements ‘’à la carte’’ restent nécessaires comme par exemple un re calibrage pour la restitution des aplats blancs si importants dans ses compositions.
« Pour moi, commente Bertrand, seuls les tirages Fresson ajoutent cette note artistique de matière, de dégradés et de transparence qui fait basculer, aussi réussi soit-il, un simple tirage photo en une épreuve unique d’exception. Là réside toute la différence ».
EXPOSITIONS
2012 - Galerie Puget
2015 - Galerie Berthet-Aittouares
2019 - Galerie Univer
2020 / 21 - Galerie Eric Mouchet
PUBLICATION
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