Pierre Parcé : Projet pour un portfolio de quarante photographies

par vaug64-blog  -  23 Mars 2024, 10:08  -  #2024, #Coup de Projo

  J'ai cherché en ces semaines menant à la fête de Pâques quarante photographies comme un Exode pour porter un regard renouvelé sur plus de quarante années de recherches. L’économie de moyen aura été la ligne de conduite : un télémétrique en petit format équipé d'un 35 et d'un 50 mn dans les années 70, une chambre en bois Gilles Faller 13 x 18 permettant des tirages par contact (les années Vaugirard), des petits compacts numériques, des boîtes de thé recyclées transformées en sténopés en 2023. J’accueille volontiers l’enseignement de Pierre Soulages “Plus les moyens sont limités, plus l’expression est forte “.


 Toute photographie devrait se lire tel un roman. Chaque image est une histoire en cours dont la suite du récit appartient au lecteur. Le voici entrant dans le tirage, s'incarnant en ce photographe voyageur ou bien dans le figurant re-présenté dans ce rectangle de papier.
Originaire du village d’Aristide Maillol, j’en ai adopté la frugalité rurale catalane et le refus des théories. Utiliser tous les procédés sans passéisme, ne pas avoir peur de la modernité mais ne pas modifier la prise de vue originale avec l’outil informatique car chaque photographie détient un parcelle de vérité ; écouter l’enseignement de Brassaï*,  rapprocher les pratiques d’époques distantes si nécessaire pourvu qu’elles servent un projet d’équilibre de rêve et de vérité.
Je terminerai par ces quelques lignes destinées au catalogue d'une exposition présentée en 2022.


 "Jamais photographier ne m’est apparu un geste ordinaire. La photographie est une parabole de la vie éternelle, le procédé est sublime en son sens premier. Il dialogue avec l’éternité. Aussi, sa force se dévoile dans les replis des situations les plus ordinaires. Photographie dite humaniste, photographie de la vie des gens simples, de notre quotidien. Il faut délicatement pousser le rideau, demander la permission d’entrer, se laisser inviter, se sentir redevable, porter un regard d’enfant émerveillé, sans jugement, puis accepter de refermer le livre de photographies, le confier aux générations futures, quitter cette vie pour une infiniment plus belle sans tricher ni retoucher l’épreuve". 
     Pierre Parcé

 

*“Il y a une différence fondamentale entre la photographie et la peinture. L'une constate, l'autre crée. L'une est un document et reste un document, même s'il est dépourvu de tout intérêt général. L'autre est basée entièrement sur la personnalité et tout s'écroule en un amas de belles matières massacrées si celle-ci fait défaut. Comment pouvait-on parler de rivalité entre les deux ? La peinture photographique et la photographie picturale sont seules rivales”. Brassaï 1932.
 

Voici donc quelques photos issues de cette sélection accompagnées ci-dessous de leurs "fiches techniques" qui pourront aider à leur lecture 

 

 

 

 Bergerie, Banyuls 2022 : M2 équipé d'un Summitar 50 mn de 1939

 

 

 

Buda, vers 1974 Budapest : M et 35 mn Summicron

 

 

 

 

Ricochets, été 2023 : Petit compact numérique
 

 

 

 

 Sténopé été 2023 : Ancienne boîte de thé dans laquelle a été placée une feuille de papier. Reproduction de cette feuille par numérisation puis travail du contraste et repique des poussières.
 

 

 

 

Mère et fille 2023 : Feuille de papier 18 x 24 placée dans le châssis d'une chambre 20 x 25. Après développement de la feuille, reproduction de celle-ci avec un film Foma 400 développé dans du Cafénol d'où la granulation que je cherchais.
 

 

 

 

Perros, 1999 : Nikon F2 et 50 mn
 

 

 

 

Prise de vue. Banyuls 2024 : Photo par un de mes petits-enfants. Prise de vue avec un de mes sténopés préférés.

 

Texte et photographies © Pierre Parcé

En complément à ce post, je vous invite à découvrir la galerie de Pierre Parcé, ancien camarade de VAUGIRARD, lecteur de notre Blog.

Philippe Pons 

 

 

C
Magnifique!<br /> Contempler et se taire...<br /> "Le contemplateur ne peut plus dire ce qu'il voit, non parce que son objet fait défaut à la parole, mais parce que la parole fait défaut à son objet, et le silence du contemplateur devient l'ombre substantielle des choses qu'il ne dit pas..."<br /> Cité dans Le Désespéré de Léon Bloy au chapitre 5<br /> A quelques jours des fêtes pascales, merci à Pierre Parcé pour ces quarante années d’expériences photographiques partagées en profondeurs, si symboliques...<br /> Merci Philippe pour cette belle mise en page,<br /> Bien cordialement
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