Une exposition qui paye (4)
Un enfant quitte Paris
Il s'en va vers les merveilles
les merveilles de ces pays
où l'oiseau fait encore son nid...
Jean Ferrat
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Histoire d'une expatriation
Par Gérard Petiot
Quatrième épisode : Une exposition qui paye
Me voici donc pour vingt mois au beau milieu de la savane Baoulé , au bord du fleuve Bandama pour mon premier séjour en terre africaine.
A cette époque l'écologie n'avait pas encore été phagocytée et ridiculisée par la politique, je me suis donc trouvé entouré de scientifiques français passionnés et d'autochtones des villages avoisinants auprès desquels j'ai pu découvrir l'immense richesse et l'équilibre fragile d'un milieu naturel.
Pour découvrir la Station de Recherche de LAMTO, je vous recommande de consulter: http://lamto.free.fr/presentation/presentation.fr.html
C'est là que j'ai appris l'hospitalité; j'ai aussi appris à construire des ponts en troncs de palmier rônier, à piloter hors piste des véhicules tout terrain, à naviguer en pirogue, à sauver et apprivoiser des animaux sauvages blessés ou orphelins et j'ai aussi découvert deux activités indispensables à la survie en milieu tropical: la sieste et la douche. C'est là aussi que ma fille à fait ses premiers pas, sur la piste en latérite de la station. Parce que je n'étais pas parti tout seul!
Ce n'est pas mon propos de vous conter ici les multiples aventures que j'ai vécues en vingt mois, alors juste un exemple: Un jour ou le campement était presque désert et sans véhicule, j'ai dû m'improviser sage-femme pour couper proprement un cordon ombilical, la maman Baoulé ayant accompli son travail toute seule dans sa case, à la suite de quoi le bébé a été prénommé Gérard!
C'est là encore que je devins ami avec une très vieille femme Baoulé, la « Reine de Moronou », tante et conseillère du Président Houphouët Boigny. Quand j'allais lui rendre visite au village, on s'asseyait sous un manguier, elle prenait ma main dans la sienne et nous papotions en buvant de la bière tiède ou du vin de palme. Lors de ses funérailles en présence du Président, j'ai été autorisé à pénétrer dans la case funéraire, remplie de piles de pagnes neufs et de statuettes en bois ornées de feuilles d'or, mais je ne puis vous en dire plus.
Je descendais une fois par mois à Abidjan dans un vieux « 1000 kilos Renault » pilotée par mon chauffeur Koffi faire un ravitaillement très hétéroclite auquel s'ajoutaient les listes de courses personnelles des résidents.
Et bien entendu, j'ai fait ma première vraie mission en brousse, dans un Land Rover « fatigué » et accompagné d'un botaniste et d'un entomologiste.
Nous étions chargés d'aller au sommet du Mont Nimba (zone forestière et frontalière, habitée à ce temps là par des Yakoubas pas commodes) et d'en rapporter vivants des crapauds vivipares « nectophrynoides occidentalis» et de les faire parvenir en bonne santé à l'E.N.S. de Paris dans les plus brefs délais, par avion. Un défi contre la chaleur, les petites bêtes vivant au dessus de 1200m d'altitude.
http://www.batraciens-reptiles.com/nectophrynoides_occidentalis.htm
Et bien entendu, je faisais des photos: Oiseaux, insectes, mammifères, feux de brousse de jour et de nuit, biotopes, etc. pour mon compte.
C'est alors que m'est venue l'idée de monter une exposition photographique à Abidjan. Mon but était de me faire connaître sur place parce que mon contrat n'était pas renouvelable, c'était prévu, et j'avais envie de rester en RCI.
Thème de l'expo: « La Photographie au service de la Recherche ».
« Happy Go Lucky », j'ai présenté mon projet à Mr Renaud Paulian, à l'époque Recteur de l'Université d'Abidjan qui m'a assuré de tout son appui. Je planais. L'Université d'Abidjan m'a assuré de toute la logistique nécessaire et même plus. Au départ, je me proposais de présenter uniquement mes modestes photos, puis poussé par des chercheurs enthousiastes et le Recteur lui-même, j'ai fait venir des agrandissements géants du CERN où j'avais quelques accointances, on a reçu des photos de la Nasa, et des tas d'autres documents d'instituts de recherches (IRHO, IRCA, ICRAF, Institut Pasteur, etc. opérant en Afrique. L'expo devint imposante et connu un beau succès.
Alors, je fût appelé par le directeur du Centre ORSTOM d'Adiopodoumé (Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre Mer) qui avait un labo photo servi comme-ci comme-ça par un chercheur photographe amateur. Il avait besoin d'un photographe professionnel à la disposition des labos de recherches. Il y en avait une flopée, de A pour Agronomie à Z pour Zoologie. Du bon boulot en perspective, c'était ma tasse de thé.
Je n'avais plus qu'à terminer mon contrat présent et à me rendre à Paris pendant mes 4 mois de congé pour signer avec l'ORSTOM.
Je vous retrouverai donc à Paris dans le métro, EN TÊTE DU VAGON DE QUEUE à la Gare de Lyon... pour le Cinquième épisode.
A suivre...