Le Potager Plaisir de J-P Coffe par Rosine Mazin
Je travaillais depuis plusieurs mois avec un ami, Olivier Cannaveso pour illustrer des fiches de jardinage et il avait besoin d’un devis pour un éventuel projet de livre sur le «Potager de Jean Pierre Coffe » à titre consultatif.
Pour évaluer le projet il me propose d’aller voir sur place à deux petites heures de Paris à Châteaudun le 5 mai 1997.
Notre hôte nous accueille chaleureusement, il nous parle de son projet avec enthousiasme, mais la visite du jardin est très rapide, c’est tout tout petit.
J’essaie de ne pas trop laisser paraître ma déception,même si je ne suis pas directement concerné, mais je vois mal comment faire un livre sur ce carré de salades.
Jean-Pierre Coffe, il nous invite à déjeuner et durant le repas,Il s’absente un instant et je l’entend dire au téléphone dire qu’il est avec une photographe délicieuse.
Je sourie doucement.
A la fin du repas il m’entraine pour me montrer quelque chose. Nous allons quelques maisons plus loin et nous pénétrons sur un terrain abandonné envahi par une végétation folle, avec par-ci par-là des rosiers sauvages. Dans un coin il y a une orangerie à l’abandon,les vitres sont brisées et la vigne à pris possession du bâtiment.
C’est une merveille.
C’est l’ancien potager du château qu’il vient de louer pour 99 ans pour y créer son potager.
Le projet prend une toute autre dimension.
C’est ainsi qu’à commencé ma collaboration avec Jean Pierre Coffe.
On est le 5 mai,le printemps est déjà là, il faut au plus vite redonner vie à ce jardin.
Nous allons utiliser la « manière Coffe »
Dès le 25 mai un « commando »super impressionnant de 5 turcs supervisés par Coffe et le jardinier fraîchement embauché prennent les choses en main.
En une semaine le terrain est débroussaillé,les arbres taillé, les herbes brûlées, la terre labourée et prête à planter.
Le terrain est vaste profitons-en ! le plan du jardin prévoit de larges allées engazonnées bordées de plates-bandes ou se mélangent fleurs et légumes.
La photographe que je suis commence à se régaler.
Le 1er juin Jean-Pierre achète ses premiers plants au marché de Bonneval.
Sur le terrain il y a un château d’eau qui fera un superbe point de vue sur le jardin nous décidons d’en profiter pour planter les planches en diagonale inversées.
Jean-Pierre organise et décide, le jardinier plante, je photographie et le soir tout le monde arrose. Cette terre si longtemps négligée reprend vie avec une énergie étonnante.
Le 21 juin le plan du jardin commence à se dessiner, les semis lèvent et les plants ont pris racines, ça pousse !
Dès le début, les voisins un brin moqueurs viennent visiter le potager du « célèbre parisien »ils sont un peu surpris par ses idées originales : les grandes allées engazonnées, les fleurs mélangées aux légumes, les salades qu’on laisse monter pour leurs fleurs, les planches de zinnia de toutes couleurs.
Passée la surprise, ils viennent visiter en famille ce « potager plaisir ».
J’ai passé l’été dans le jardin à traquer le bébé citrouille ou pâtisson (de vrais bijoux), les fleurs de pomme de terre, d’aubergine, de haricot ou de poireau, à découvrir comment poussait un choux de bruxelles.
A la fin de la journée, nous étions une poignée assis par terre, Jean Pierre arrivait avec sa glacière, ses verres et ses bonnes bouteilles, il se racontait volontiers avec simplicité et vérité. On était loin du Coffe de la télé. Je garde un doux souvenir de ces moments de convivialité.
Pendant ce temps les textes avancent, la maquette prend forme et je continue à produire des images.
A la fin de l’été le jardin est somptueux, les récoltes miraculeuses et le projet de livre se présente bien.
Déjà une suite se profile, je me suis prise au jeu en photographiant régulièrement le jardin d’agrément attenant à la maison de Jean Pierre et le jardinier plante le futur verger.
Le « Potager plaisir » sort en mars 1998, nous ferons encore ensemble « Fleurs bonheur » et « Verger gourmand » ainsi qu’un livre sur le » Monde des plantes aquatiques »en mars 2002.
Sur le projet suivant j’ai crié grâce, j’avais envie de quitter mes bottes de jardinier mais chaque fois que je passe près de Châteaudun je meurs d’envie de m’arrêter pour aller voir ce qu’est devenu « Mon jardin ».
Malheureusement Jean Pierre Coffe n’est plus là.
Texte et photos - © Rosine Mazin